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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

25 mai 2011

Chronique, "Une enfance australienne"



« Adrian aspire à un monde calme et doux; aussi est-il prêt à accepter beaucoup de bizarreries, du moment que cette tolérance garantit la paix. Plus tard, il comprendra que tous les modes de vie ne sont pas acceptables. Pour l’instant, il est encore trop petit. »
Adrian est un petit garçon de neuf ans qui vit avec sa grand-mère et son oncle depuis que sa mère a été jugée inapte à l’élever presque un an auparavant. Il rêve secrètement de choses simples et abrite de nombreux tourments dans sa solitude. Sa grand-mère s’occupe bien de lui, elle le dépose devant son école tous les matins et revient le chercher chaque après-midi, mais ils ne se parlent pas beaucoup.
« Elle lui dit souvent qu’il est son fil à la patte. Il ne sait pas trop ce qu’elle entend par là. Il a beau regarder, il ne voit pas en quoi il ressemble à un fil. »
Adrian a peur de beaucoup de choses, simples inquiétudes ou peurs intimes: des sables mouvants aux monstres marins en passant par la foule, la combustion spontanée ou encore l’abandon... Adrian a peur qu’un jour on l’oublie, qu’il se retrouve seul. Mais aussi fortes que soient ces peurs, la plupart du temps il les garde pour lui. Parce qu’il sent bien qu’elles pourraient paraître ridicules aux yeux des autres.
Une nouvelle inquiétude vient s’ajouter a sa liste secrète lorsqu’il entend parler de la disparition de trois enfants alors qu’ils allaient acheter des glaces. A l’inquiétude s’ajoute l’incompréhension.
« Jamais Adrian n’avait imaginé qu’un enfant ordinaire, un garçon comme lui (...) était susceptible d’intéresser quelqu’un d’autre que sa famille ou ses amis. Jamais il n’avait envisagé que l’on pût enlever ou vouloir un enfant banal. En fait, il n’avait jamais envisagé qu’un enfant ordinaire pût être désirable. »
Et puis il y a cette étrange famille qui vient de s’installer en face de sa maison et qui semble avoir des choses à cacher...Sonya Hartnett pénètre magnifiquement le monde de l’enfance et ses souffrances, ses doutes, ses espoirs, ses inquiétudes, ses incompréhensions, ses drames également. Elle peint avec justesse et précision la naïveté des enfants, leur inconscience du danger, l’interprétation de la réalité qui les entoure, la manière dont ils intériorisent ce qu’ils ne perçoivent pas encore comme des souffrances...« Adrian est un enfant pour qui la vie peut s’effondrer à la moindre occasion. Une seule petite difficulté suffit à le briser. Devant la fenêtre, il se laisse envelopper par l’inquiétude; la marée des soucis lui soulève le cœur. Ses yeux gris s’humectent. Ses angoisses semblent vouloir s’infiltrer. Il n’a que neuf ans, mais le monde tente déjà de le submerger. Il ne sait pas comment il survivra quand il sera grand, quand ses angoisses auront crû avec les années, quand elles auront fleuri, quand elles se seront multipliées. »
Par ce récit, l’auteur s’attache à redonner de la légitimité aux peurs et aux angoisses auxquelles peut être confronté un enfant. Des angoisses que nombre d’adultes se contentent de minimiser, voire d’ignorer, sous prétexte du jeune âge et de l’inexpérience que ces jeunes âmes ont du monde. Par sa plume douce, juste, riche en descriptions et en détails, elle nous rappelle à quel point la solitude peut être douloureuse, même lorsqu’on a que neuf ans.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée sur le site Internet du BSC News Magazine, ICI.

22 mai 2011

Chronique, 'Par un matin d'automne'



« Aujourd’hui, en ce bout du monde, une page va être tournée sur un rêve, un secret va être dévoilé. Nous sommes à Thiepval ; seul l’épais brouillard d’un matin d’automne parvient à dissimuler l’imposante arche de brique du mémorial des disparus de la Somme, témoignage de notre conscience collective. C’est là que Léonora Galloway a amené sa fille pour entamer le récit de ce qu’elle a mis elle-même si longtemps à comprendre. »
30 avril 1916. Cette date gravée sur les murs du Mémorial franco-britannique des soldats morts au cours de la bataille de la Somme est celle à laquelle le père de Léonora est mort.
Élevée par une tante séductrice et cruelle dans un endroit où elle ne s’est sentie ni aimée ni la bienvenue, Léonora n’a reçu aucun héritage de sa famille dont l’histoire a toujours été entourée du plus grand silence.
Mais comment son père peut-il avoir été tué le 30 avril 1916 alors que Léonora est née le 14 mars 1917, soit onze mois plus tard ? Et quel est cet autre mystère qui entoure la mort de sa mère qui n’a d’ailleurs ni tombe ni stèle à son nom ?
Nous sommes à la fin des années 1990. Après s’être réappropriée son passé lourd de secrets, Léonora décide de voyager en France avec sa fille - jusqu’au mémorial de Thiepval - pour lui en faire le récit détaillé et lever ainsi le voile sur son histoire et ses origines. Un récit qui nous plonge littéralement au cœur du quotidien d’une demeure anglaise qui, en 1914, accueille des officiers et sous-officiers en convalescence. L’un d’eux est le meilleur ami du père de Léonora qui vient de mourir au combat. En pénétrant dans cette maison et dans le quotidien étrange de ses habitants, celui-ci n’avait probablement aucune idée des drames auxquels il allait être confronté…
Amour, trahisons, secrets de famille, mensonges, drames et chantage tissent la trame de ce récit bouleversant dans lequel présent et passé s’entremêlent. A peine croit-on avoir résolu un mystère qu’un autre se dessine dans son ombre.
« Nous ne savons pas à quel moment la vie va nous présenter ses plus grands défis. »
Voilà qui résume l'état d'esprit de ce roman à l'ambiance très anglaise qui se construit à la manière d’un puzzle, révélant pièce par pièce les secrets d’une intrigue riche, pour nous emmener avec délectation jusqu’à son dénouement.
Robert Goddard témoigne ici d’un grand sens du romanesque.
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'avril 2011.