De moi, vous dire..

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Paris, France
Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

29 juin 2012

Poème, 'Peu importe'

Tu sais,

Peu importe que tu sois près ou loin de moi
que nos regards se mêlent ou qu'ils ne se croisent pas

Peu importe que ton sourire se dérobe au mien
Peu importe l'immensité de mon chagrin

Peu importent ton indifférence et tous ces longs silences
Peu importent tes doutes, mes rêves et nos errances

Peu importe que tes mots soient durs ou qu'ils soient doux
que ça nous rende heureux ou que ça nous rende fous

Peu importe même que j'aille vers d'autres horizons
que je perde la tête, le cœur ou la raison

Peu importe que je m'abandonne dans d'autres bras
Peu importe que je te sème dans d'autres draps

Peu importe que nous ne partagions plus le même soleil
que je ne sois plus l'étoile qui brille dans ton sommeil

Peu importe hier, peu importe demain
Peu importe qu'on soit tout ou qu'on ne soit plus rien

Peu importe que cette vie-là ne nous réunisse pas
que les jours se suivent et ne nous rassemblent pas

Peu importent les rêves égarés en chemin
Peu importent ces mots que l'oubli fera siens

Peu importent les larmes, les regrets, la colère
Peu importent nos vies qui s'écrivent à l'envers

Peu importe tout ça, tu sais, l'important est ailleurs
c'est cette partie de toi qui survit dans mon cœur

Cette présence muette qui jamais ne s'absente
Ces souvenirs précis, ton sourire qui me hante

Le temps peut bien filer, nous semer, il ne t'effacera pas
Parce qu'un sentiment comme ça, mon Amour,
peu importe le reste, un sentiment comme ça
ça se fuit, ça s'oublie, mais ça ne s'éteint pas.

Mélina,
Juin 2012


28 juin 2012

Chronique 'Un soir de décembre', Delphine de Vigan



« C'est l'histoire d'une femme qui écrit à un homme qui écrit, une femme sans contours, venue de nulle part, qu'il a peut-être oublié, qui peu à peu se dessine, refait surface, cherche de l'air. Un air plus doux, apaisé. »
Mathieu Brin en a connu des femmes. De nombreuses femmes qu'il a séduites, désirées, aimées l'espace de quelques heures, parfois un peu plus longuement. Il en a pleurées aussi, certaines. A 45 ans, il partage désormais sa vie avec Élise et leurs deux garçons. Une vie heureuse et plutôt tranquille que vient pimenter la publication du premier roman de Mathieu. Le succès est au rendez-vous et de nombreuses lettres de lecteurs et d'admiratrices viennent se glisser dans sa boîte aux lettres.  Jusqu'au jour où l'une d'elles, au ton étrangement familier, va éveiller en lui le souvenir troublant d'une passion qu'il croyait évanouie. 
« (...) Peut-être sauras-tu lire entre les lignes, dans cet espace intact qu'aucun mot ne caresse ni ne frappe, ce que je ne sais pas dire. » Entre les lignes Mathieu reconnaît ce désir vif et exaltant, c'est celui de Sara. Sara est l’une de ces femmes qui ont traversé sa vie. Sara appartient au passé. Un passé qu’Elise est venue balayer d’un revers de main en entrant dans la vie et dans le cœur de Mathieu. Pourquoi alors, les lettres de la jeune femme qui se succèdent, toutes empreintes d’une même fièvre, bouleversent-elles autant Mathieu ? La mémoire peut-elle faire renaître une passion ancienne de dix ans ? Voudra-t-il la revoir ? Est-ce seulement ce qu’elle attend de lui ?
Très vite, Mathieu sent tout contrôle lui échapper et s’isole dans le souvenir de ce passé qui le plonge dans une insatiable soif d’écriture. Il puise dans ces lettres l’inspiration pour écrire son second roman. Plus rien d’autre ne compte. L’écriture, espace où tout devient possible ; l’écriture qui engloutit tout, qui enflamme le corps, le cœur, qui attise les sentiments les plus brûlants, ceux que l’on n’ose pas confronter à la réalité. C’est au milieu des mots qu’il la retrouve, elle qui n’a cessé de l’attendre, de l’espérer toutes ces années ; elle qu’il avait quittée un soir de décembre ; elle dont, soudainement, il ressent le besoin.

Avec la justesse, la sensibilité et la délicatesse qu’on lui connaît, Delphine de Vigan nous entraîne dans les variations de la passion amoureuse, l’intensité du désir, le pouvoir de la mémoire, ou encore les paradoxes de l’écriture qui libère et emprisonne à la fois. L’écriture, aussi, qui permet de redessiner la réalité en l’imprégnant de nos désirs les plus inassouvis. L’écriture pour tromper l’absence, le vide et l’oubli comme l’exprime Sara à travers chacune de ses lettres.

 « Au fil des années, j'ai créé pour m'accompagner un être fictif, recomposé, modelé sous les doigts, conforme au besoin extrême que j'avais de toi. Tu n'avais pas d'autre réalité que celle-ci, surgie du manque, façonnée par l'attente, réinventée. Tu n'avais pas d'autre réalité que cet impossible oubli. »
L’histoire n’est pas originale et je ne cache pas lui avoir préféré Les heures souterraines [1], mais Delphine de Vigan sait la rendre délicieuse et enivrante. Chacun de ses mots sonne incroyablement juste et nous brûle, tout comme le désir brûle la plume de chacun de ces deux amants perdus.

Mélina Hoffmann
[1] Voir chronique dans le numéro de juillet 2011 et sur le site Internet du BSC News et ici.
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Juin 2012.

26 juin 2012

Poème 'Je suis'

Je ne suis qu'une ombre, un courant d'air, comme un espoir évanoui
Le dernier rayon de soleil que s'apprête à chasser la nuit
Un rêve auquel on ne croit plus, une illusion qui s'évapore
Un peu de temps qui s'est perdu, juste un détail dans le décor

Je suis un souffle qu'on retient, des mots restés au bord des lèvres
Un souvenir qui nous revient, le corps et l'âme brûlants de fièvre
Je suis l'interminable errance, une envie que l'on n'ose pas
Trois points de suspension qui dansent sur un cœur qui ne guérit pas.


Mélina Hoffmann
Avril 2012.

Poème faisant partie des 100 lauréats du Concours de poésie RATP 2012 (sur plus de 4000 participants).

24 juin 2012

Interview Julia Germillon

Julia Germillon, auteur du roman 'Funambules' (voir chronique ci-dessous), s'est prêtée au jeu de l'interview pour le BSC News Magazine. 
Rencontre avec une jeune femme aussi passionnée que passionnante. 


Bonjour Julia. Tout d’abord pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous, votre parcours, vos passions ?
Adolescente, je voulais être comédienne et j’ai d’ailleurs débuté ma carrière professionnelle dans le milieu du théâtre mais rapidement ce monde m’a déçue et puis ça ne payait pas. Je me suis naturellement tournée vers l’écriture et j’ai écrit et monté ma première pièce en 2008 à Paris, puis mon premier roman Funambules en 2009 (qui n’a été édité qu’en 2012). 

Entre-temps, j’ai enchaîné différents boulots, dans la musique, l’édition… Parallèlement, j’ai animé des ateliers de théâtre et d’expression corporelle auprès d’enfants. Je suis également partie au Pérou et en Inde pour suivre cette direction. Aujourd’hui, je suis une formation pour être art-thérapeute et j’ai vraiment l’impression d’avoir trouvé ma voie. Et bien sûr, je continue à écrire !

Funambules marque vos premiers pas dans la littérature. Comment est née l’idée de ce roman ? Pourquoi Paris ? Pourquoi Berlin ? Entretenez-vous un rapport particulier avec ces deux villes ?
L’idée est venue toute seule. J’ai commencé à écrire et me suis retrouvé plongée dans l’univers de Funambules. Je ne réfléchi pas vraiment à ce que je vais écrire, c’est plutôt en écrivant que les idées viennent, que les personnages se dessinent, que l’ambiance se créé. L’écriture me surprend !
Paris est la ville dans laquelle j’habite. Je me demande encore pourquoi j’ai choisi de faire évoluer mes personnages ici car cette ville me lasse souvent, m’insupporte même parfois. Je vis ici parce que j’aime être près de mes proches. Ceci dit, c’est le Paris des années 1990 que je décris et non celui de 2012. En revanche, j’ai un réel attachement pour Berlin. J’y ai habité il y a quelques années et j’ai eu le coup de foudre ! Je suis franco-allemande donc l’Allemagne en général fait partie de moi. Son histoire et sa culture me touchent.

Partir pour recommencer à zéro, pour réécrire l’histoire de sa vie, pour l’habiter enfin, c’est l’un des thèmes essentiels que vous évoquez au travers de votre roman. Nourrissez-vous un secret désir d’ailleurs ?
J’ai toujours rêvé d’ailleurs : un « ailleurs » qui signifie « voyager » mais aussi (et surtout) un « ailleurs » qui évoque un « changement d’univers » tout en restant dans le même lieu géographique. Je pense l’avoir fait en changeant régulièrement de milieu, en prenant certains risques pour faire ce que je sentais vraiment, ce qui était juste pour moi. Mais je trouve aussi que c’est important de savoir vivre ici et maintenant et de ne pas que rêver « d’ailleurs ». Si on passe sa vie à se projeter et à s’imaginer dans une vie meilleure, on risque de passer à côté de l’essentiel.

Il est également beaucoup question de ce besoin qu’ont beaucoup de gens de se construire un monde parallèle, un monde à eux dans lequel ils se réfugient pour y trouver du réconfort. Pensez-vous que l’espoir peut finir par user ? 
Par rapport à cette idée de « monde parallèle », je dirai la même chose que précédemment : se réfugier oui mais passer à côté de sa vie c’est dommage. Mais parfois, on ne peut tout simplement pas faire autrement, la douleur est trop forte et se réfugier est le seul moyen de survivre. Il faut juste espérer qu’on arrive à sortir à nouveau de son petit cocon. Parfois c’est aussi quand on se frotte à l’inconnu ou au danger qu’on évolue enfin.
L’espoir peut user, oui ! Comme je disais, parfois on passe sa vie à espérer, à rêver à une vie meilleure et on en oublie de vivre et de profiter de l’instant présent. Mais vivre sans aucun espoir, je ne sais pas si c’est possible. Je suis quelqu’un de très positif et j’ai réellement confiance en la vie. Sans cette confiance, beaucoup de prises de risque et de décisions auraient été impossible à prendre pour moi.

Le titre de votre roman, ‘Funambules’ évoque parfaitement l’instabilité de vos personnages, vacillant tout au long du récit comme sur un fil, entre illusions et réalité. Vous sentez-vous proche de l’un d’eux ? Et alors, si vous perdiez l’équilibre, de quel côté tomberiez-vous plutôt ?
Oui je me sens très proche d’eux. Sans vraiment leur ressembler, j’ai l’impression d’avoir ressenti à un moment ou à un autre leurs peurs, leurs angoisses, leurs espoirs et leurs rêves. Et puis, comme eux, j’ai souvent cherché ma place dans la société. Je ne me sentais pas bien dans certains emplois par exemple tout en ne sachant pas forcément vers où aller. C’est une sensation vraiment désagréable et puis le fait de voir d’autres gens s’adapter si facilement à la vie, se satisfaire du rythme « métro boulot dodo » sans se poser de questions, nous fait sentir encore plus seul. Au final, il suffit de s’écouter, de se faire confiance et surtout d’oser. C’est ce que j’ai fait et c’est ce que mes personnages font. Ne pas écouter l’avis des gens, se défaire de leur regard… les « autres » auront toujours quelque chose à redire, mais cela ne devrait avoir aucun impact sur notre vie.
De quel côté je tomberais ? Impossible à dire… il n’y a pas de bon ou de mauvais côté, la vie nous fait parfois basculer dans l’illusion parce que c’est plus commode et parfois dans la réalité parce qu’on en a la force.

Votre livre est une véritable caverne d’Ali baba pour mélomanes ! Entre Brian Adams, Nirvana, Pearl Jam, Serge Gainsbourg ou encore Téléphone, les références musicales – plutôt rock – sont omniprésentes tout au long du récit. Pourquoi ce désir d’accompagner votre roman d’une bande-son ?
J’ai toujours été accompagnée par la musique. Dès 12 ans, j’avais mon walkman dans ma poche et les écouteurs autour de mon cou près à être utilisé. Puis ce fut un discman et aujourd’hui c’est mon lecteur mp3 que je trimballe partout. La musique est très importante pour moi. Elle me calme, m’inspire, me fait vibrer et j’écris toujours en musique !
J’aime beaucoup mélanger les arts aussi. Lorsque j’avais mis en scène ma pièce de théâtre, j’avais demandé à des musiciens d’assister aux répétitions, de composer la musique et de venir jouer sur scène lors des représentations. De la même manière, je trouvais cela intéressant d’associer à un roman une bande son. Il s’agit de nostalgie, de passé, d’histoire dans Funambules et la musique est une des façons les plus fortes pour moi de se replonger dans des ambiances et des souvenirs passés.

Quels sont les auteurs contemporains qui vous inspirent ? Vos derniers coups de cœur littéraires ?
J’ai toujours du mal à répondre à cette question qu’il s’agisse de mes auteurs favoris, de mes chanteurs préférés ou du dernier film qui m’a vraiment ému. Je n’ai aucune logique dans ce que je lis, même chose pour la musique. Je peux relire un classique puis engloutir trois livres d’un auteur contemporain puis lire des illustres inconnus puis revenir sur un classique. Je lis également beaucoup d’essais qui traitent des sujets qui m’inspirent. 

En ce moment, je lis beaucoup de livres sur l’art-thérapie par exemple. En terme de romans, et au risque de ne pas paraître très originale, j’ai récemment lu des œuvres de Murakami. Avant cela, je m’étais replongée dans Françoise Sagan, Hemingway et Hermann Hesse. J’ai également lu des livres d’auteurs moins connus dont je ne me rappelle plus le nom.

Pour terminer, quelques mots sur vos projets pour les mois à venir ? D’autres romans en cours ?
Oui ! J’écris actuellement la suite de Funambules qui, j’espère, sortira en 2013. Je vais animer plusieurs ateliers auprès d’adultes et d’enfants handicapés à partir de septembre, dans le cadre de ma formation d’art-thérapie.
Et puis, j’ai commencé à écrire une pièce de théâtre que j’aimerais beaucoup terminer aussi. Le monde de la scène me manque !
Normalement, je devrais repartir en Inde aussi ou peut-être en Birmanie…

Merci Julia, et bonne chance pour la suite !
Mélina Hoffmann

Propos recueillis pour le BSC News Magazine de Juin.

Chronique 'Funambules', Julia Germillon




« On s'habitue trop rapidement à notre prétendue existence, au petit nid douillet que l'on s'est créé. Parfois, il est nécessaire de recevoir une bonne claque dans la figure pour se rendre compte qu'on est à côté de la plaque. Qu'on vit en dehors de soi. En dehors de sa propre vie. »
Il est parfois dur de se sentir chez soi quelque part lorsqu’on se sent un étranger partout, de trouver à quoi s’accrocher lorsque tout s’effondre.
Enfant, la vie nous fait des promesses qui nous bercent tendrement jusqu’à ce que nous soyons en âge de comprendre qu’elle ne les tiendra pas. Alors, il faut se lancer. Tenter de se construire dans un monde qui tombe en ruines. 
Paris, début des années 1990. Il y a Sara, Ben, Mimi, Jane et quelques autres, errant dans les rues de Paris. Il y a Serge Gainsbourg, Nirvana, Brian Adams ou encore Alice in Chains qui envahissent les ondes. Il y a des rêves en couleur et des réalités sombres, des espoirs fragiles et des désillusions, des quêtes d’ici et des envies d’ailleurs.
Ben fuit le confort de maisons, de familles où il lui faudrait jouer un rôle, dissimuler sa peine de « petit garçon abîmé par le temps et usé par l'espoir », pour des squats où il peut être lui et laisser s’exprimer librement sa tristesse. Le jeune homme traîne ainsi ses incertitudes et son vague à l’âme dans les rues de Paris. Ces mêmes rues qu’arpente Sara, jeune allemande qui a quitté Berlin, sa ville natale dans laquelle elle se sentait trop à l’étroit, pour débuter une nouvelle vie en France. Et puis il y a Jane aussi, qui vit auprès de son grand-père et tente d’échapper à cette vie un peu trop belle que ce dernier a rêvée pour elle…
« Elle était démunie. Libre, mais démunie. Pépé l'avait gavée d'un bonheur prémâché. Il n'avait pas jugé utile d'armer sa petite-fille pour affronter la vraie vie. Et elle s'était laissée emporter par un tourbillon imaginaire. Il avait voulu la protéger en l'élevant dans un environnement rose bonbon peint avec amour. Trop d'amour. Trop de sirop. Des couleurs vives que même la pluie battante ne délavait pas. Une maison de poupées. Une prison dorée. Mais que se passait-il si l'on creusait l'un des murs. »
Julia Germillon signe ici un premier roman doté – en plus d’un titre et d’une couverture envoûtants - d’un sacré caractère ! Dans un style pudique et armée d’une plume habile, elle nous fait redécouvrir Paris sous le pas de ces personnages attachants, de ces jeunes gens révoltés en quête d’un peu de sincérité, de quiétude, même s’il ne s’agit que du confort précaire d’une illusion. Même si, aussi loin que l’on fuit, la réalité nous suit, notre passé nous rattrape, toujours. Même si nous ne sommes finalement tous que des funambules, avançant pas à peu au cœur de l’incertitude de nos vies, qui ne tiennent qu’à un fil.
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Juin 2012.

Interview de Julia Germillon : http://mymelina.blogspot.fr/2012/06/interview-julia-germillon.html 

7 juin 2012

Chronique 'Naissance de Mirella', Claude Cavallero



« Il y a des nuits où les songeries de l'endormissement se prolongent en un long point d'orgue tourné vers l'infini. Et à la faveur de cette dérive s'éveillent en nous de nouveaux rivages... »
Enseignant-chercheur de Littérature à l'Université de Savoie, Claude Cavallero signe ici un recueil enchanteur de sept nouvelles qui, à mi-chemin entre le rêve et le souvenir, nous transportent dans le monde de l'enfance et à l'adolescence.
Il y a cette petite fille qui découvre un beau jour que ses parents l'ont en réalité adoptée et qui doit alors réapprivoiser sa vie ; il y a Elsa, la petite fille solitaire du phare de l'île devenue maîtresse d'école ; il y a Fanette, arrachée à ses parents arrêtés par les allemands, qui apprivoise sa solitude sans jamais céder au désespoir ; il y a encore Mirella, qui vit dans son propre monde teinté de mélancolie, insaisissable...
La plume de Claude Cavallero est juste, délicate et nuancée. Elle peint avec poésie et magie des décors où la nature, ses éléments et ses saisons, sont sans cesse célébrés, comme dans cette nouvelle où la neige vient recouvrir de sa blancheur un village où elle était attendue et espérée depuis longtemps, redessinant par petites touches les courbes du village, dévoilant lentement un autre monde teinté de féérie.
La nature apparaît tel un personnage à part entière de ces nouvelles tant elle leur donne leur tonalité, leurs nuances.
« Ainsi depuis quelques jours, la flamme douce et dorée de l'automne s'était éteinte au profit d'une horde d'épais nuages dont les contours, d'abord distincts, s'étaient ensuite effilochés. Le ciel était devenu une bâche grise uniforme de laquelle filtraient seulement, çà et là, les bribes d'une lumière mélancolique. Personne n'en parla d'abord. Dans les jardins, les dernières feuilles accrochées aux branches avaient viré à la lie de vin avant de lâcher prise sous le poids de l'humidité. »
Un recueil de nouvelles, comme une parenthèse de douceur, où l'instant présent est délicatement capturé, puis s'évapore sous notre regard émerveillé.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Mai 2012.