« Je
croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en
enfer. »
Paris, place Vendôme. Un braquage qui tourne mal. Raphaël,
à peine sorti de prison, son frère William et deux autres complices viennent de
dérober quelques trente millions d’euros. La police intervient, des coups de
feu retentissent, une passante et un policier perdent la vie tandis que William
est grièvement blessé. Les malfrats parviennent néanmoins à prendre la fuite
avec leur butin et se mettent en quête d’une planque.
Ils croisent alors la route de Sandra, une jeune
vétérinaire que William prend en otage et contraint à les héberger ainsi qu’à
soigner son frère. La menace est claire : « Il meurt, tu meurs. »
Reclus dans cette propriété isolée en pleine
campagne, les braqueurs se sentent à l’abri. Le mari de Sandra étant absent
pour plusieurs jours, la situation est sous contrôle. Une fois que William aura
repris suffisamment de forces, ils reprendront la route et iront au bout de
leur plan. C’est en tout cas ce qu’ils croient. Mais alors qu’ils pensent avoir
laissé le pire derrière eux, ils sont loin de se douter qu’ils viennent de
mettre les pieds au cœur-même de l’enfer…
Si l’expression « à couper le souffle »
avait été inventée pour qualifier un livre, nul doute qu’elle l’aurait été pour
celui-ci ! Difficile de trouver polar plus terrifiant ! L’histoire
démarre sur les chapeaux de roue et ne cesse de gagner en intensité. Karine
Giebel ne nous laisse pas une minute de répit, aussi préparez-vous à une nuit
blanche si vous entamez la lecture un soir.
La tension ne retombe à aucun instant, pas même une
fois le livre refermé. L’angoisse et le suspense sont à chaque page, à la
limite parfois de l’insoutenable. Quand on croit être au cœur de l’horreur,
l’histoire prend alors un tournant et nous plonge dans quelque chose de pire
encore et on se demande jusqu’où l’auteur va nous emmener ainsi. On hésite à
reprendre notre souffle. Certaines scènes se révèlent particulièrement
violentes et éprouvantes, d’autant que les descriptions sont d’une précision
telle qu’elles invitent inévitablement à la visualisation.
La psychologie des personnages est elle aussi
finement travaillée, notamment à l’aide de flashbacks réguliers qui nous aident
à comprendre l’évolution de chacun d’entre eux et le moment, peut-être, où tout
a basculé. On éprouve de la compassion, parfois même un attachement inattendu
pour certains d’entre eux que l’on se préparait pourtant à détester.
Des personnages tous ici confrontés à un même
défi : lutter par tous les moyens possibles et imaginables pour leur
survie. Y parviendront-ils ? Et à quel prix ?
Karine Giebel joue avec nos nerfs à merveille et
nous offre un polar particulièrement efficace qui mériterait amplement une adaptation
cinématographique.
Âmes sensibles s’abstenir. Ce livre vous captivera,
vous remuera, vous hantera.
Mélina
Hoffmann
Chronique publiée dans
le BSC NEWS MAGAZINE de Juin 2013