De moi, vous dire..

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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

11 août 2013

'Ne la quitte pas des yeux', Linwood Barclay




« Mon idée du bonheur ? Trois jours de pluie, un frigo bien rempli et le nouveau Linwood Barclay.»
Stephen King

David Harwood est journaliste local dans la ville de Promise Falls où il vit avec sa femme Jan et son jeune fils Ethan. Jan déprime depuis plusieurs semaines, aussi lorsqu’elle propose une virée en famille au parc d’attraction de Five Mountains réputé pour ses montagnes russes, David accepte. Cette sortie sera l’occasion pour lui de souffler un peu et pour sa femme de se changer les idées. Une belle journée en famille en perspective.
Mais à peine arrivés sur place, Jan se volatilise. David alerte la police, mais sa femme est introuvable. Enlèvement ? Fuite préméditée ? Suicide ?

Rapidement, et contre toute attente, David devient le suspect numéro 1. Il faut dire que tout l’accable : non seulement rien ne vient confirmer l’état dépressif de sa femme, mais rien même ne prouve qu’elle a mis les pieds avec lui dans ce parc d’attraction ! Pour David, c’est l’incompréhension totale. Fermement déterminé à découvrir la vérité et à retrouver sa femme, il mènera alors sa propre enquête. Mais de surprises en révélations, il se retrouvera face à une réalité qu’il n’aurait jamais envisagée et à une femme qu’il ne connaît pas si bien qu’il le croyait…

Ce n’est pas pour rien que l’on parle de Linwood Barclay comme l’un des nouveaux maîtres du polar !
Malgré une intrigue sans grande originalité et quelques invraisemblances que l’on pardonne volontiers, il signe ici un thriller convaincant et riche en suspense, ponctué de nombreux rebondissements et autres fausses pistes. Tout ce qu’il faut, en somme, pour capter notre attention d’un bout à l’autre, jusqu’à un dénouement surprenant.
Secrets, trahisons, mensonges, drames : tout y est !
Et si de nombreux éléments se laissent deviner assez facilement et peuvent donner l’impression au lecteur d’avoir presque toujours un temps d’avance sur l’histoire, le tout est suffisamment bien mené et rythmé pour que la recette prenne.

Un polar efficace et sans temps mort, qui devrait ravir les amateurs du genre.

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Juillet-Août 2013

4 août 2013

'Le manuel du serial killer', Frédéric Mars


« Dans deux ou trois heures tout au plus, ce garçon sera mort. (…) Je vous raconte la suite ? Les cris de la mère qui découvre son petit déjà quasi exsangue. Les hululements de douleur du môme qui se tient le ventre à deux mains. Ses convulsions sur le sol de la cuisine. (…) Alors ? Je vous la raconte ou pas, cette suite ? Non. Je vais plutôt vous parler de moi. C’est ça, de moi seul.  La mort est en moi. Là, dans ma tête. Elle y a toujours été comme chez elle. »
Sombre, prenant, torturé, angoissant, déstabilisant… Les qualificatifs ne manquent pas pour parler du dernier livre de Frédéric Mars !
L’auteur au large univers littéraire n’attend d’ailleurs même pas le début de l’intrigue pour semer le trouble, puisque le titre nous emmène déjà sur une fausse piste !
En effet, il ne s’agit pas là d’un manuel d’apprentissage pour devenir un parfait serial killer, et encore moins d’un livre d’horreur, mais bien d’un thriller psychologique habilement construit !
Et pour nous plonger complètement dans l’ambiance, Frédéric Mars n’a pas hésité à donner à son personnage principal le pseudonyme de l’écrivain créateur du célèbre personnage d’Hannibal Lecter !
Nous voici donc avec Thomas Harris, un brillant étudiant en littératures comparées à l’université d’Harvard, par ailleurs pas très gâté par la vie. En effet, confronté à la mort de ses parents dix ans plus tôt, le jeune homme qui a grandi en foyer souffre du syndrome de Korsakoff qui affecte sa mémoire, et doit également vivre avec un œil blanc et les moqueries dont il fait l’objet. 
Un personnage d’autant plus énigmatique qu’il va se retrouver de façon troublante au cœur d’une terrible affaire !
Tandis qu’il est chargé de trier les ouvrages reçus au service des manuscrits d’une maison d’édition dans laquelle il effectue un stage, le jeune homme se retrouve face à un texte des plus intrigants : Le Manuel du serial killer. Un manuscrit anonyme qui se révèle être un mode d’emploi précis et détaillé pour devenir un parfait tueur en série ! A la fois choqué et fasciné par cette découverte, Thomas décide de ne pas le conserver.
Aussi, la surprise est de taille lorsque, quelques semaines plus tard, le manuscrit apparaît dans la vitrine de toutes les librairies ! Une surprise qui vire aussitôt au cauchemar lorsque Thomas découvre qu’il est publié sous son propre nom ! La descente aux enfers commence alors pour le jeune homme lorsqu’il apparaît que le livre en question fournit les plus petits détails d’une série de meurtres d’enfants qui frappe la région depuis des mois. Thomas clame son innocence, en vain. Tout l’accable.
Qui est à l’origine de cette terrible machination ? Comment ce manuscrit a-t-il pu se retrouver entre les mains de milliers de lecteurs ? Qui en est le véritable auteur et pourquoi le publier sous le nom de Thomas Harris ? Mais d’ailleurs, qui est vraiment Thomas Harris ?
L’intrigue – absolument machiavélique - se tisse d’un bout à l’autre du roman, jusqu’à un dénouement aussi inattendu que déroutant.
Fiction et réalité se frôlent tout au long du livre, flirtent avec la frontière qui les séparent, allant même parfois jusqu’à se confondre.
Présent et passé s’entremêlent de même que différents points de vue narratifs se croisent. Ainsi, le récit à la première personne est entrecoupé de passages du fameux livre publié, ainsi que de retranscriptions de séances entre Thomas et son psychiatre. Difficile de deviner où tout cela va nous mener !
L’auteur brouille sans cesse les pistes, nous plonge dans un brouillard de confusion, nous manipule avec brio et maintient le suspense jusqu’aux toutes dernières pages.
Un thriller diaboliquement prenant qui joue avec nos nerfs !

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Juillet-Août 2013

2 août 2013

'Les états d'âme - Un apprentissage de la sérénité', Christophe André

« Les états d’âme sont l’expression de ce grand mélange indissociable de tout ce qui se passe en nous et autour de nous : mélange d’émotions et de pensées, de corps et d’esprit, de dehors et de dedans, de présent et de passé. Ce mélange est évidemment aussi riche que compliqué : impur, unique, labile, toujours recommencé, jamais exactement le même. Comme les vagues de la mer… »

Ils nous bouleversent, nous fragilisent, nous oppressent, nous tourmentent ou nous apaisent...; Ils nous rendent parfois plus forts, souvent plus fragiles et vulnérables ; Ils sont l’essence-même de nos remises en question, influencent nos comportements, viennent régulièrement semer le trouble dans nos esprits lorsqu’ils ne se contentent pas de les inonder d’inquiétude… ; Source de créativité, ils sont parfois nos meilleurs guides vers la sagesse, la sérénité et le bonheur, tandis que - d’autres fois - ils nous en éloignent sans ménagement.
Joie, excitation, curiosité, bonne humeur, mais aussi nostalgie, inquiétude, culpabilité, tristesse, … : nos états d’âme font partie intégrante de nous. Simplement, nous pourrions dire qu’ils nous rendent vivants.
On peut choisir d’en souffrir, de se laisser submerger par eux, ou s’enrichir de leur présence sans les laisser prendre le contrôle de nos vies. Pour cela, il est indispensable de comprendre leurs mécanismes.
A quoi servent les états d’âme positifs et négatifs? ; Faut-il faire une différence entre douleur et souffrance ? ; Pourquoi sommes-nous si inquiets ? ; Comment réguler ses états d’âme d’inquiétude ? ; Existe-t-il des états prédépressifs ?  ; Que faire face aux états d’âme de tristesse; qu’est-ce qu’aller bien ? ; Comment le matérialisme bouscule-t-il nos états d’âme ? ; Vaut-il mieux se libérer de l’espoir ou fuir le désespoir ? ; Peut-on augmenter ses capacités à ressentir du bonheur ? ; Qu’est-ce que la sagesse ? ;…

Christophe André, médecin psychiatre et psychothérapeute, apporte - dans cet ouvrage à la fois scientifique et chaleureux - des réponses claires et détaillées à toutes ces questions, et à bien d’autres encore.  Selon lui, il est indispensable de ne pas nier l’existence de ces mouvements de l’âme, d’accepter de les laisser passer en nous sans les laisser s’enraciner et nous perdre ; de les observer, les comprendre, et surtout d’apprendre à les réguler. En effet, fuir ou tenter d’éradiquer nos états d’âme peut donner lieu à de nombreuses souffrances, et même à des comportements pathologiques tels que la boulimie ou tout autre type d’addiction dans laquelle, par automatisme, nous finirons par nous réfugier à chaque approche d’un état d’âme douloureux.  « On s’est juste rendu dépendant d’une manière de réguler ses états d’âme en achetant quelque chose, en consommant des biens. Une manière peu efficace et coûteuse de prendre soin de soi : remplir nos cerveaux de vide, nos estomacs de saletés et nos armoires d’inutilités, pour pallier les fluctuations de nos états d’âme. »

Certains de ces états d’âme peuvent d’ailleurs être appréhendés plus sereinement si l’on s’efforce de les  considérer comme des opportunités, à condition toutefois de ne pas leur donner trop d’importance. 
« La tristesse est un sentiment envahissant, qui occupe l’entièreté de notre âme. Quand on est triste dans sa tête, tout devient triste en nous : notre regard, notre démarche, le timbre de notre voix. Par contre, il n’est pas toujours si douloureux d’être triste, car il y a quelque chose de spécifique à la tristesse : la douceur. […] La tristesse est sans doute une des bases les plus fécondes pour notre vie intérieure, tant elle semble pouvoir donner du relief, de la douceur, du poids à tous nos autres états d’âme. »

Dans une société qui prône la consommation comme remède à tous nos maux, difficile parfois de se souvenir que l’essentiel se trouve en nous et que, plus nous remplissons notre existence, moins nous l’habitons. Les difficultés, les épreuves, font partie inhérente de nos vies. C’est en l’acceptant et en ne les considérant pas systématiquement comme des drames que nous pourrons gérer aux mieux ces situations, sans laisser s’installer des états d’âme toxiques qui auraient pour effet de nous centrer davantage sur le problème en lui-même que sur sa solution. Un cheminement que nous invite à suivre l’auteur à travers les nombreux chapitres de ce livre richement documenté.
Un ouvrage passionnant, accessible à tous, qui nous invite à devenir plus attentifs à ce qui se passe en nous, à la manière dont nous raisonnons, à notre perception du monde qui nous entoure ; à renouer avec nos sens, ou encore, à faire de la compassion notre meilleure alliée, pour ne jamais - ou presque ! - perdre le contrôle de nos états d’âme.

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Mars 2010